Certains veulent la fermer, d'autres pas : l'école
élémentaire du 51, rue Ramponeau, suscite de nombreux débats alors que
d'importants travaux de réfection sont prévus dans trois ans. Son équipe
pédagogique se bat pour son maintien et pour lui donner les moyens de
fonctionner. La Mairie de l'arrondissement et l'Académie ont été interpellées.
"L'école doit rester ouverte
! ". C'est le nouveau directeur de l'école élémentaire du 51, rue
Ramponeau, Marc Ellul, qui l'affirme. " Mais pour cela, il faut des
moyens supplémentaires ", ajoute-t-il.
Alors que les difficultés de cet établissement
- bas niveau scolaire, problèmes de comportement de certains élèves, instabilité
du corps enseignant - ont conduit certaines autorités à envisager sa fermeture,
la nouvelle équipe enseignante - six des sept professeurs que compte l'école
sont arrivés cette année - et leurs partenaires (assistante sociale, psychologue,
etc.) avancent plusieurs arguments en faveur de son maintien.
Il y a tout d'abord une équipe motivée.
Elle s'est réunie à plusieurs reprises depuis le début de l'année pour
réfléchir aux besoins de l'école et a décidé de demander à l'inspection
d'Académie une table ronde regroupant les différents acteurs et décideurs
en matière scolaire : l'Académie (dont relèvent les enseignants), la Ville
de Paris (gestionnaire des bâtiments scolaires), l'équipe enseignante,
le réseau d'aide spécialisée, la Mairie d'arrondissement, etc.
Or tous les observateurs le disent : une école qui marche c'est
d'abord une équipe, enseignante notamment, qui a envie de s'investir pour
bâtir un projet.
L'expérience montre par ailleurs que des résultats sont possibles
avec des moyens adaptés. Les deux classes pilotes créées cette année dans
le cadre du programme de lutte contre l'illettrisme du nouveau gouvernement
montrent en effet l'impact extrêmement positif de petits effectifs - 11
et 12 élèves - sur le comportement des enfants.
Le contraste est même saisissant avec les
autres classes dont les effectifs atteignent jusqu'à 24, 25 élèves. Une
classe de CM1 (âge moyen 9-10 ans) en est en effet à son quatrième enseignant
depuis la rentrée en raison du comportement de certains élèves !
Enfin, la réfection de l'établissement
prévue pendant l'année scolaire 2004/2005 offre une chance inespérée pour
remettre à plat le fonctionnement de l'école et réfléchir à un projet
adapté.
Ces travaux - amélioration des conditions
de sécurité, reconstruction des sanitaires, agrandissement de la cour,
etc. - vont en effet nécessiter la fermeture de l'école pendant un an
et cette perspective a eu pour conséquence d'accélérer le débat sur les
moyens à donner à cette école, la réflexion dépassant rapidement le seul
cadre du 51, rue Ramponeau pour englober l'ensemble des écoles du secteur
de Belleville.
La décision de la Mairie de Paris et de
l'Académie de ne pas agrandir l'école du 51, rue Ramponeau - le nombre
de classes restera à sept - aura en effet pour conséquence de détourner
sur les autres écoles du secteur les demandes d'inscription supplémentaires
(une cinquantaine paraît-il) qui émaneront des familles qui vont s'installer
dans les programmes de logements neufs livrées d'ici 2005 sur le Bas-Belleville.
Et pendant la réalisation des travaux, les élèves du 51, rue Ramponeau
devront être accueillis dans les autres écoles du secteur, toutes situées
en ZEP (zone d'éducation prioritaire) et donc a priori fragiles.
L'idée d'un " centre de ressources ",
structure spécialisée dans un domaine (la lecture, les sciences, etc.)
accueillant temporairement les classes d'autres établissements, a été
avancée. D'autres proposent de transformer l'école du 51, rue Ramponeau
en " école d'application ", à savoir une école où sont formés les professeurs
stagiaires, ce qui aurait pour avantages de stabiliser l'équipe enseignante,
d'attirer des maîtres confirmés et, in fine, de favoriser la mobilisation
de moyens supplémentaires.
Il s'agit ici de refuser la fatalité et
de bâtir un projet qui permette de donner toutes leurs chances aux enfants
de Belleville, y compris aux 133 élèves du 51, rue Ramponeau.
Il s'agit également d'œuvrer au bon fonctionnement
du quartier, l'échec scolaire signifiant trop souvent exclusion et rupture
sociale quelques années plus tard comme nous le voyons dans nos rues.
Personne ne peut se permettre de manquer l'occasion
de résoudre les profondes difficultés de cet établissement qu'offrent
la présence d'une équipe motivée et la remise en état complète du bâtiment.
Il ne saurait être question non plus de fragiliser l'ensemble des autres
établissements du secteur en anticipant mal les conséquences de l'arrivée
de nouveaux élèves une fois livrés les programmes de logements neufs du
Bas-Belleville. La Bellevilleuse a interpellé à ce sujet l'Académie et
la Mairie du 20e arrondissement, et demandé que les équipes pédagogiques
de l'ensemble des établissements primaires de Belleville soient réunies
pour préciser leurs besoins et engager une réflexion collective.
C'est à ces autorités aujourd'hui de favoriser
cette réflexion.
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